jeudi 18 juillet 2013

Dans l'ombre de la lumière de Claude PUJADE-RENAUD

Actes sud, 07/01/2013, 304 pages.
Lu du 8 au 18 juillet 2013.
 
Dans la vie de saint Augustin se tient une ombre, une femme, nommée Elissa dans le roman, qui partagea sa foi manichéenne, fut sa concubine, lui donna un fils, vécut avec lui à Carthage, Thagaste, puis en Italie où le jeune rhéteur la congédia de son existence…
Quand Elissa prend la parole, aux premières pages de ce livre, presque douze ans ont passé depuis sa “répudiation”. Revenue vivre à Carthage, elle s’est liée d’amitié avec un couple dont le mari, Silvanus, a pour métier de consigner sur des parchemins les discours d’avocats, rhéteurs ou prédicateurs. C’est par lui qu’elle apprend le passage prochain à Carthage d’Augustinus, désormais évêque d’Hippone…
Roman tout en miroitements, par lequel une vie scintille dans une autre, ce livre aux accents d’anti-confessions passe au crible de celle qui sait les débuts puis la carrière du saint homme. La mémoire d’Elissa est tenace, en elle la fidélité l’emporte sur la désillusion. Et l’auteur excelle à revisiter les textes augustiniens, interpréter les silences, traquer les demi-aveux, pressentir les non-dits, déchiffrer l’insidieuse pesée du lien maternel, restituer l’intime, effleurer la peau des souvenirs…
Avec ce portrait en creux d’un “cher disparu”, Claude Pujade-Renaud réplique à l’histoire officielle, témoigne pour le témoin qu’est Elissa, et poursuit sa réflexion – constante dans toute son oeuvre – sur les coulisses des pouvoirs… temporel et spirituel.

Mon avis : Ce livre est un voyage... 
- Historique car les évènements se déroulent dans les années 300 après JC.
- Géographique : Carthage, Milan, Rome et autres villes de la Méditerranée en sont les témoins silencieux.
- Psychologique et familial : le récit d'une femme et d'une mère abandonnée et rejetée par ses deux hommes.
-  Théologique : Manichéens, chrétiens, païens se rencontrent et s'affrontent à coups de discours et de plaidoyers pour la défense de leur Dieu mais surtout de la forme de son ou ses incarnations.
Ce roman pourrait tout aussi être classé dans les journaux intimes, la narratrice raconte et se raconte sans pudeur, ni état d'âme ou presque. Une plongée dans le monde d'avant, où l'on s'éclaire à la lampe à huile et où l'on écrit (les rares instruits) sur des parchemins, et où la modernité est l’apparition des codecs. Pour autant, ce roman serait presque moderne avec des problèmes transversaux : l'amour, les relations parents-enfants, la recherche de soi, la quête d'un idéal...










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